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Homélie Toussaint 2025

LA SAINTETE ORDINAIRE
Toussaint 2025

    Dans l'actualité de ces derniers jours, vous aurez remarqué l'un des points cruciaux du cessez-le-feu à Gaza : que les corps des otages et des prisonniers décédés soient rendus par le Hamas à Israël et réciproquement. Respecter et honorer les corps de ceux qui sont morts, voilà une caractéristique de notre humanité, une différence essentielle entre les humains et les animaux.

NOTRE CORPS RESSUSCITERA

    A plus forte raison pour nous chrétiens qui croyons que les défunts sont appelés à participer pour toujours à la vie et à l'amour de Dieu. Cette participation concerne l'intégrité de leurs personnes, c'est à dire non seulement leurs âmes et leurs esprits mais aussi leurs corps. A la suite du Christ : en ressuscitant, en passant à la vie définitive, il ne s'est pas débarrassé de son corps, comme si celui-ci était un obstacle à la rencontre de Dieu, à la communion avec Dieu. Le Christ vit son état actuel en étant pleinement homme comme il est pleinement Dieu. Un grand théologien du XXème siècle, Romano Guardini, a eu cette affirmation très forte : « de toutes les religions, seule la foi chrétienne a osé insérer un corps humain en plein cœur de Dieu ». C'est dire la valeur de notre corps !

    Nous allons mourir et la mort est bien la séparation des trois éléments qui nous constituent : notre corps qui est dans une tombe ou une urne, notre esprit, notre âme. Mais nous allons ressusciter dans notre intégrité humaine. Il n'y a pas de personne sans corps. Certes notre état sera différent de notre état actuel : nous serons transformés, transfigurés dans une forme nouvelle que nous ne pouvons pas nous représenter. Jésus n'a donné aucune précisions sur le sujet. La seule certitude que nous ayons est que nous vivrons dans la plénitude de nos personnalités, telles que nous les avons construites durant notre vie terrestre et telles que Dieu nous les donnera pour que nous puissions réellement partager son bonheur éternel.

APPELES AU BONHEUR ETERNEL

    Le bonheur : qui ne veut pas être heureux ? C'est notre aspiration fondamentale. Et si, dans le Christ, Dieu est venu partager notre condition humaine, c'est pour que son bonheur de toujours puisse être reçu par tous les humains. Le bonheur de La Trinité, c'est celui d'aimer sans aucun égoïsme, aucun repliement sur soi, aucun orgueil, aucune jalousie. C'est un amour qui n'est qu'amour.

    Voilà pourquoi l'un des premiers enseignements du Christ, ce sont les béatitudes, les recettes pour être vraiment heureux dans notre monde, en attendant le monde nouveau. C'est être doux sans être mou, 
                                               bon sans être bonasse,
                                               pauvre de cœur sans être miséreux,
                                               confiant sans être naïf,
                                               honnête sans être scrupuleux,
                                              dévoué sans s'épuiser,
                                              compatissant sans se laisser envahir.

    C'est un bonheur exigeant, qui n'est pas facile. Mais aimer en vérité Dieu et les autres, est-ce facile ? Non. Car Dieu veut , pour nous tous, le plus haut niveau d'existence. Et, sans Lui, nous ne pouvons pas y parvenir. Voilà pourquoi la clé du bonheur, c'est l'union à Dieu, c'est-à-dire la sainteté.

LA SAINTETE EST POSSIBLE POUR TOUS

    Qu'est-ce qu'être saint en définitive ? C'est précisément être suffisamment uni au Christ pour aimer la Trinité et les autres humains de son amour qui n'est qu'amour. C'est essayer d'aimer Dieu et les autres comme le Christ les aime. Nous honorons les saints canonisés qui ont eu des personnalités exceptionnelles et qui ont parfois marqué leur société. Mais la plupart des saints sont des gens ordinaires comme vous et moi. Ce sont eux que nous fêtons en cette fête de la « Tous-saints ».

    Ces hommes et ces femmes, ces jeunes et ces adultes que le pape François qualifiait de « saints de la porte d'à côté ». Permettez-moi de citer l'un d'entre vous, un jeune de 22 ans qui vient de temps en temps à notre assemblée. Il m'a dit, il y a quelques dimanches, à la sortie de la messe : « être témoin , dans son entreprise, d'une manœuvre de corruption qu'il n'a pas acceptée, car je préfère perdre mon poste plutôt que perdre mon âme ».

    Oui, nous connaissons tous des gens qui, sans esbroufe, dans la modestie, savent rendre service, être attentifs à chaque membre de leur famille et à leurs voisins, sont honnêtes et droits, ne colportent pas de fausses ou méchantes rumeurs etc C'est la sainteté ordinaire dans l a vie de tous les jours. Après une purification nécessaire au purgatoire – car, au moment de sa mort, personne n'est de plain-pied avec le Christ – ils pourront partager le bonheur du Christ et, nous l'espérons, avec toute la famille humaine .

Amen

Père Bernard